Ce fut sans grand intérêt que Ivan lut puis déchira la lettre. Tant mieux, il se sentait mieux et avait décidé que tout cela avait assez duré. Sa mémoire lui revenait, et être inerné loin des autres, avec le moins de visites possibles lui faisait un bien fou. Il détestait la compagnie des autres, il n'y avait jamais été habitué et son envoûtement lui rendait la vie commune impossible. A l'approche des fêtes, le personnel était surchagé ou en vacances, et on lui rendait moins de visites. On l'oubliait presque, étant interné dans une cellule capitonnée à part.
Il avait obtenu l'autorisation de sortir. Son comportement s'étant assagi et n'étant plus sujet à des crises, d'autant plus que ses esprits l'avaient averti, bien malgré lui, que le personnel d'étage avait d'autres chats à fouetter. D'autres patients causaient un certain lot de troubles.
Ivan aimait être dans sa chambre. Elle était toujours ensoleillée, quand Phoebus daignait se montrer dans ce coin morne qu'était Lómilendë. Il aimait sentir la douce chaleur hivernale chauffer les pierres et béton de l'établissement et les rayons caresser son visage.
Cependant en ce jour de Noël, il se sentait résolu. Tout ce qui était embrouillé lui paressait bien plus clair. Tout d'abord ce complexe avait quelque chose d'anormal. Il était fourbe, le personnel en grande partie était de mèche et majoritairement mauvais. Les esprits lui parlaient "d'Initiés". Ceux-ci agissaient comme une mafia. Cela le scandalisait. Or c'était justement la raison de son internement.
En tant qu'ex-soldat du complexe militaire, une espagnole de Floride travaillant pour la Nouvelle CIA l'avait recruté. Il devait espionner la réouverture de Lómilendë et s'assurer que Ostrorog et Pendragon n'agissent pas de façon déraisonnée, comme le craignait l'agence des Nouvelles Amériques.
Son internement avait été voulu violent pour que sa folie le fasse échapper aux contrôles, mais avait bien trop marché. Sa psyché en avait beaucoup pâti, et l'avait déraisonné bien plus que prévu. Il lui avait fallu du temps, mais il se sentait prêt.
Il lui faudrait communiquer avec l'extérieur. Les lettres de Noël et cartes de voeux, quelle bonne idée en ces temps festifs troublés...