Nouvelle offre, nouvelles possibilités? - terminé

Ce fut avec une marche rapide et réjouie que l'espagnole déambulait dans les couloirs. Bien que la convocation l'ait surprise, elle n'était pas inquiète. Au contraire, Sofía devait être parmi les rares personnes à être enchantée à l'idée de revoir Madame Pendragon.

Ce fut avec une certaine nostalgie bienveillante qu'elle se remémora sa première rencontre. Le courant était très bien passé entre les deux femmes. La nouvelle directrice sauvait la pauvre pharmacienne des griffes de la mélancolie, l'ennui et la lassitude des jours simples, sans intérêts et mornes dans lequel le quotidien de la paix l'avait avachie. C'était une vraie sauveuse qui lui offrait le piquant de la vie au rythme des piqûres de seringues dans le corps des patients et la diversité de la recherche illégale.

Que pouvait-on obtenir de mieux que l'impunité de la dépravation scientifique?

Cependant, certaines consignes étaient bien claires. Sofía s'admira dans le miroir de l’ascenseur, fredonnant l'air de la petite mélodie joyeusement, vérifiant son maquillage sobre, sa silhouette resplendissante pour une trentenaire et ses petites parures. Celles-ci étaient très simples. Collier serré avec motif de flocon, petites boucles d'oreilles pendantes en forme de goutte, et un bracelet en plastique ne pouvant pas émettre de "bruits insupportable contre la table" quand elle écrivait.

Elle doutait que sa venue soit négative ou pour une mauvaise raison, toutefois mieux valait ne rien faire pour contrarier la main dirigeante de l'établissement.

Seuls ses talons martelaient le sol et brisaient le silence des couloirs. Toujours souriante, elle toqua à la porte et attendit d'y être invitée.

La directrice était debout près d'une armoire, affairée à la recherche de dossiers. Sofía était en avance, ce qui surprit agréablement la directrice, plutôt habituée à l'espagnole qu'à sa pharmacienne. Comme elle le lui intima, elle prit place en face du bureau après s'être cordialement saluées.

Toujours radieuse, de Santa Cruz attendit que son aînée prenne la parole.

Jezabel se tenait devant une armoire d'ébène, plusieurs dossiers dans les bras. Elle rangea celui dont la couverture annonçait « A. Fenring » avec douceur, songeant qu'il lui faudrait demander un rapport à Mrs Black concernant le traitement d'Aasimir. Il fallait qu'elle veille sur lui, sous aucun prétexte Samaha ne devait trouver une quelconque motivation à le passer en catégorie C. Celui orné d'un « A. Amargànt » fut mis de côté. Elle y reviendrait souvent, semblait-il. Elle allait ranger d'autres dossiers, plus volumineux et d'une couleur différente, un au nom de « H. Masaryk », l'autre « A. O'Briain », quand on frappa à la porte. Elle jeta un œil à l’horloge enchantée au mur : si c'était De Santa Cruz, elle était en avance. Elle invita le visiteur à entrer, et fut ravie de voir la pharmacienne. Elle lui demanda de prendre place, tandis qu'elle déposait les documents qu'elle tenait encore. Le premier fut rangé soigneusement, tandis que le second fut placé en dessus des autres. La directrice rejoint sa chaise.

« Madame de Santa Cruz, quel plaisir de vous voir ! Comment allez-vous ? Un peu de thé ? »

Elle n'attendit pas la réponse pour servir une tasse à son hôte. Elle reprit.

« Ne tournons pas autour du pot, je vous ai fait venir pour une raison précise. Aucune annonce officielle n'a encore été faite, cependant je tenais à ce que vous ayez connaissance de la mort du directeur du service 2. Suite à l'affaire du service 5 et au comportement plus que douteux du docteur Frieman, j'ai jugé plus sage de le faire éliminer. »

Jezabel fit une pause pour prendre une gorgée de thé.

« Au vu de la situation actuelle, il ne m'est pas possible de recruter un nouveau chef de service dans l'immédiat. C'est pourquoi j'aurais aimé vous proposer le poste, en tant qu'intérimaire. »

L'Ecossaise observa la réaction de l'Apothicaire, qui semblait pour le moins surprise.

« Vos capacités ne font aucun doute et votre rôle important au sein de l'hôpital joue totalement en votre faveur. Malheureusement, en l'absence d'une formation en psychologie, je ne peux vous nommer qu'à titre temporaire. »

Il était temps de passer aux détails techniques.

« Votre salaire sera évidemment augmenté de façon conséquente. Tout comme les autres chefs de service sont à la fois psychologues et responsables de service, vous garderez votre titre de pharmacienne. Des questions ? Vous pouvez évidemment prendre le temps de réfléchir avant d'accepter. »

Bien qu'elle ne laissait pas transparaître la moindre émotion Jezabel était surexcitée. Dès l'instant où Lenz était entré dans son bureau, elle avait passé chaque membre du personnel en revue pour trouver le ou la remplaçant(e) adapté(e). Elle s'était finalement décidée pour Sofía, qu'elle appréciait beaucoup. Depuis, elle n'avait qu'une hâte : lui annoncer la grande nouvelle. Comment l'élémentaliste allait-elle réagir ?

« Au vu de la situation actuelle, il ne m'est pas possible de recruter un nouveau chef de service dans l'immédiat. C'est pourquoi j'aurais aimé vous proposer le poste, en tant qu'intérimaire. »

Sofía toussota avant de déglutir le thé qu'elle buvait. Autant l'annonce de la mort de son collègue l'avait laissée impassible, autant la proposition la surpris au plus haut point. Pour une personne extérieure, les deux femmes auraient pu parler de la pluie et du beau temps tant la situation semblait banale autour d'une tasse de thé. Une annonce de mort, l'espagnole en avait connu, causé et annoncé plus d'une. A force, cela devenait plutôt une statistique.

Elle prit un mouchoir en soie et s'essuya les lèvres, le regard abasourdi. Les éloges de celle qu'elle appréciait tant et l'estime dont elle lui faisait part la flattèrent et la firent même rougir, bien que sa peau mat et le fond de teint le dissimulât.

« Votre salaire sera évidemment augmenté de façon conséquente. Tout comme les autres chefs de service sont à la fois psychologues et responsables de service, vous garderez votre titre de pharmacienne. Des questions ? Vous pouvez évidemment prendre le temps de réfléchir avant d'accepter. »

Il se passa quelques secondes avant que l'espagnole ne réagisse. La directrice buvait avec parcimonie son thé fumant, bien calée dans son fauteil avec une certaine élégance et classe, un certain flegme presque british. Ironique pour une écossaise. Ses yeux dévisageaient son interlocutrice.

"Anda."

Sofía n'en revenait pas. Elle savait qu'elle devait répondre, mais elle restait figée. Sa main tenant sa tasse en l'air. Son cerveau analysant toutes les possibilités.

Une nouvelle place. Temporaire. Ma pharmacie a gerer en plus d'un service? Non je pourrai délèguer. Je serai épaulée par les autres chefs du service, mais elle a vu juste, je n'ai aucune compétence approuvée et attestée en psychologie. Je vais surtout me taper de l'administratif. ça je sais faire. Surtout je pourrai descendre en C des patients. Oh mon Dieu ce serait génial. Je n'aurai plus besoin des comptes-rendus ni de vivre par procuration les résultats de mes inventions et produits.

L'apothicaire se ressaisit et bu machinalement sa tasse d'une traite. Elle s'exclama calmement avec un ton lent:

"Eh bien, j'avoue que c'est une annonce plutôt....surprenante. Votre confiance et la satisfaction de mon travail me réjouissent et me réconforte dans mon enthousiasthme. Je suis très honorée. J'approuve parfaitement un poste intérimaire, je ne suis effectivement pas psychologue. Je peux toutefois assurer un suivi et un entretien administratif efficace et ponctuel, ainsi que remplir critères et catégorisations efficacement. La gestion du service n'est pas un problème, nonobstant je ne me vois pas enclin aux entretiens avec les patients. Du moins pas en tant qu'experte."

Un petit sourire et regard entendu ponctuèrent sa dernière phrase. La rencontre avec les patients ne serait certainement pas pour leur plus grand bien. Et il lui serait très facile de modifier les rapports d'autopsies ou analyses. Attention au zèle et à l'enivrement.

"J'accepte avec plaisir. Je tiens cependant à ce que la structure du service reste identique, si ce n'est que le psychologue chef du service assure les entretiens. Je me contenterai de vérifier et accepter ses choix, saufs modifications catégories envisageables.
Souhaitez-vous déjà voir maintenant pour les formalités?"

Sofía éructait d'entrain et d'envie malsaine de tests. Elle était comme une enfant à qui sa maman promettait de nouveaux jouets, le regard pétillant. Elle resservit sa bienfaitrice et elle-même de thé, rajouta bien trop de sucre dans sa tasse et du citron. Bouillonante à l'intérieur, son excitation se ressentit à l'inverse. De petits cristaux de givre apparurent sur la tasse, ce qui ne la désarçonna pas. Rien ne pouvait la détacher de se moment. Elle attendit avec bonheur et but chacune des paroles de Pendragon lorsqu'elle lui annonça que'lle en était ravie et qu'elles verraient plus tard les petits détails, tout était déjà prêt, il ne manquait que son nom et signature sur quelques documents.

Cette femme ne cessait jamais de la surprendre et de la ravir.

Jezabel adressa un sourire sincère à Sofía. Intérieurement, elle jubilait. Elle était persuadée que la pharmacienne allait accepter. Et elle en était franchement ravie. L'Espagnole était la personne idéale pour ce job, la chamane en était persuadée. Elle ne risquait absolument rien en lui confiant cette responsabilité. Quel dommage que cela doive être temporaire... Dans tous les cas, cela lui permettrait enfin de souffler un peu. Tout était sous contrôle. Plus une seule personne dont il était nécessaire de se méfier, plus de surveillance constante... Il semblait qu'Aedan abordait sa mission de manière originale, cependant il avait l'air de garder son objectif en vue. Tout allait bien. Enfin.

Lorsque l'élémentaliste aborda la question des formalités, Jezabel répondit par l'affirmative. Elle ne s'occupait que rarement des questions administratives, préférant les laisser à sa secrétaire. Si elle avait les documents déjà prêts à portée de main, c'était que la proposition qu'elle venait de faire à Sofía avait pour elle une réelle importance.

Elle tendit les diverses feuilles à son interlocutrice et la regarda les signer les unes après les autres. Elle reprit la parole afin de clarifier un dernier point.

« L'annonce officielle de votre nomination à ce poste sera faite la semaine prochaine, durant le banquet de Noël. Vous pouvez déjà vous atteler au côté administratif de votre nouvelle tâche si vous le souhaitez, je vous demanderai seulement de faire preuve de discrétion. Il vaudrait mieux que vos nouveaux confrères apprennent la nouvelle tous en même temps. »

Tout avait été dit, semblait-il. La directrice avait hâte de voir sa nouvelle recrue en action : quelles surprises réservait-elle à Lómilendë ?

[HRP : Je... je suis désoléééée T___T C'est nul et ça m'a pris une éternité !]

Très spontanée, l'espagnole signa les documents avec enthousiasthme. Elle avait tant de perspectives et de possibilités qui s'offraient à elle, cela la submergeait et la jubilation et l'engouement de sa Directrice, cette femme merveilleuse qui venait par deux fois la sauver de la morosité, commençait à l'emplir et l'atteindre. Satisfaite de pouvoir s'occuper des dossiers, elle savait qu'elle aurait beaucoup à faire et à donner, et certainements quelques nuits assez chargées. Décidément, elle qui s'inquiètait des fêtes de fin d'années, voilà qu'elles promettaient d'être très agitées!

Les deux femmes papotèrent quelque peu avant de finir leurs thés et quelques petits biscuits. Souriantes et amicales, elles se quittèrent à cause de leurs terribles agenda et des rappels de leurs secrétaires bien décidées à les rappeler à l'ordre.

Sauf l'incident du petit vol dans ses locaux, dont elle soupçonnait soit Friemann dans un acte de désespoir, soit sur ordre de Pendragon, De Santa Cruz n'avait plus d'inquiétudes et était parfaitement radieuse.

De retour dans ses appartements, elle enclencha sa stéréo très fort, et s'emporta dans quelques moments festifs. Enfin, elle termina ses derniers dossiers et alla se coucher après un bon repas.

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