Ou était-il ? Karell savait pertinemment qu’en mettant la main sur Gabriel, bien des choses s’illumineraient. Le vénézuélien était la clef, en le retrouvant le chamane retrouverait sa mémoire. Bien que grâce à – ou « à cause de » ; c’est selon – la Générale Nàsdy Sliven était clairement sur la pente descendante, la base Lómilendë était en danger ; gangrénée de traitres et de taupes. Depuis des heures l’équatorien était penché sur des dossiers et naviguait d’ordinateur en ordinateur. Il appelait différentes bases de l’OMDHS à travers le monde. Il était proche il le sentait. De temps à autre il devait prendre une pause forcée ; sa tête le lançait affreusement. Grosso modo il s’était bien remis de l’attaque surprise de son « collègue ». Quelques jours à l’infirmerie l’avaient remis d’aplomb. Depuis, il travaillait avec acharnement pour fournir le plus d’informations possible à Vanina ; une des seule personne en qui il avait encore confiance.

Tout se déroula très vite, alors qu’il refermait un énième dossier et s’apprêtait à en saisir un nouveau il sentit quelque chose de glacé le transpercer. Très vite il comprit que c’était la fin ; il allait mourir. Il sentit ses forces le quitter doucement, le vide l’envahir, sa vision se troubla. Ironiquement sa mémoire lui revint : Ambroise avait été un traitre, Alice en était devenue une sans oublier Gabriel. Force était de constater que c’était bien plus que ses souvenirs personnels qu’il récupérait en cet ultime instant de vie. Son meurtrier avait eu la « bonté » de le gratifier des siens. Vanina allait mourir. Du moins ; c’était le plan. Tout comme éliminer Ambroise et Erzèbeth. Ilian. Ilian. Ilian…. Ilian semblait être une grosse pièce du puzzle. Un des seuls à même de tuer Erzèbeth ? Comment était-ce possible ? Les pensées de Gabriel étaient si sombres, sur froides, si cruelles. Comment pouvait-il vivre ? Une telle vie n’en était définitivement pas une ! S’il avait eut le temps et l’énergie de pleurer il l’aurait fait. Karell pensa à tous ces gens qu’il chérissait, à tout ce qu’il avait vécu. « Quand la mort arrive, on voit sa vie défiler devant soi ». L’équatorien en prit pleinement conscience. Lómilendë. L’Espagne. Cassis. Les cours. Sa famille. Sa tante. L’Equateur…

Lorsque Gabriel retira ses mains du crâne de Karell celui-ci expira son dernier souffle. Et comme pour tous les chamanes qui mourraient : un mince filet de fumée colorée s’échappa d’entre les lèvres du latin. Pourpre. Couleur chaude et amoureuse. Emotionnelle et joyeuse. Karell avait été un garçon sensible, dévoué et aimant. Gabriel disparut. Dans le coin de la pièce la chouette astral que Vanina lui avait offert poussa un long hululement et s’envola. Dans quelques minutes elle se poserait sur l’épaule de la grande chamane et lui communiquerait ce qui venait de se passer. Le corps sans vie de l’informateur reposait désormais au milieu du bureau. A son côté gisait également un document miteux et déchiré que le vénézuélien avait matérialisé avant de disparaitre.

Citation :

Am..oise Mis…on…..tuer…………..N…………..Sliven…………lles.

Tachée, pliée et malmenée la fiche était difficilement lisible ; cependant, les faits étaient là. Toute personne douée de déduction et armée de patience percerait tôt ou tard le message : Ambroise ; votre Mission est de tuer les deux générales et menaces répondant aux noms de Erzèbeth Nàsdy et Vanina Tsukiyo. Par la présente vous jurez votre allégeance à Sliven et vous vous engagez à accomplir cet acte quoi qu’il en coute sous peine de représailles.