Un petit clac résonna avec force dans la salle dévastée suivit de l’apparition de l’image astrale de Gabriel. Le noiraud analysa d’un œil critique la pièce. Personne. Fort heureusement il connaissait le château, ses défenses et les moyens pour les contourner. Doucement le latin se mit en tailleur sur le sol. Il se concentra et laissa le flux chamanique qui coulait en lui naturellement l’envahir. Très vite il localisa sa proie. Karel. Tu hora llegó mi conejito. Il travaillait dans son bureau. A une heure si tardive ? Mais quel élément admirable !

Durant les semaines écoulées Gabriel avait élaboré et peaufiné un plan machiavélique. S’il marchait il ferait d’une pierre… trois coups. Comme de l’eau à travers un passoire le vénézuélien traversa 8 étages d’une traite pour se retrouver au sous-sol, département de l’information, dans un coin sombre du bureau de l’Equatorien. Trop absorbé par son travail ce dernier ne remarqua rien. Silencieusement, telle l’ombre qu’il était momentanément devenu, Gabriel s’approcha de lui. Le sud-américain devait se hâter, ses forces le quittaient très vite. Son vrai corps se situant actuellement à des milliers de kilomètres d’ici, dans une base au Costa Rica la projection astrale pompait considérablement son énergie.

D’un coup sec il plongea donc ses deux mains dans le crâne de Karel qui n’eut même pas le temps de crier. Le sort était sans appel et sans pitié. Le jeune chamane s’écroula sur le sol. Un sourire satisfait et démoniaque illumina le visage de Gabriel. Le vénézuélien sortit un papier de sa poche et alors qu’il commençait doucement à se désagréger il murmura.

"Perfecta Corporis Translatio"

Le document, qui était jusqu’alors – tout comme son possesseur – astral, se matérialisa. Gab’ disparut. Bientôt on retrouverait le corps sans vie de l’informateur Karel Corera auprès duquel gisait désormais un curieux bout de papier en piteux état sur lequel il serait – pour les plus avisés – tout de même possible de lire des propos accusateurs – bien que troubles – à l’encontre de Ambroise. Très vite les doutes déjà semés dans l’esprit de Vanina part « Betty » grandirait, prenant doucement des proportions considérables. Puis, celle qui était jusqu’à présent une proie, deviendrait une alliée sans même le savoir. Folle de rage elle aiderait sans même s’en rendre compte les agents de Sliven à éliminer l’ex Coordinateur. Le plan avait ses failles ; mais une chose était sûre, l’un des trois généraux allait tomber. La Nàsdy se faisait des ennemi(e)s à tire larigot et courrait à sa propre perte avec le Gel-cœur qui la consumait, Ambroise était perdu et abandonné de toute part et Vanina se retrouvait seule. L’isolement commençait pour les trois mages. L’union les rendait imbattables, seulement ce temps était révolu – avait-il seulement existé ? – et plus les jours passaient plus ils s’affaiblissaient. Se noyant dans la douleur, l’orgueil ou le doute.