Clip Clap Plop petite pluie de septembre.[Fini]

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Il pleuvait. De petites gouttes, aussi fines que de milliers de petites aiguilles, dévalaient l’espace qui séparait ciel et terre, s’éclatant contre tout obstacle et tuant tout insecte rencontré. Une armée de soldats lançait leurs lances d’argent au travers des épais nuages qui tapissaient le ciel dans l’espoir de faire une barrière hermétique au soleil.
Clip Clap Plop

Une tennis évita de justesse une flaque d’eau qui contenait plus de boue que d’eau. Cependant, malgré l’attention de son propriétaire, des morceaux de terre mouillée avaient élus domicile sur les VxNS blanches.
*-*

-‘Vous allez donc partir dans un nouvel établissement…’
« Oui, bien que je soit un peu septique au sujet des matières qui y sont enseignées… »
-‘Les matières ?’
« J’y vais pour étudier…La magie… »
*-*

Le manoir…On s’approche…Non, le château, s’élevait haut et majestueux, plongeant dans son ombre un être constitué lui-même d’ombre. L’immense porte de chêne massif se déplaça de quelques centimètres, assez pour que l’ombre puisse se glisser dans l’entrebâillement et redevienne ainsi humaine à la lumière.
Clip Clap Plop

Les gouttes d’eau voltigeaient pour aller mourir en un millier de petites gouttelettes contre le carrelage. Un bruit…La porte s’était refermé toute seule…Une paire d’yeux, si profond que l’on aurait dit deux trous menant à l’univers, balayaient la vaste pièce. Le jeune homme au dos courbé était, certes, en retard par rapport à la rentrée officielle, mais tout de même… Il n’y avait carrément personne dans le hall…
*-*

-‘Une école de magie ? Un esprit rationnel comme vous ?’
« Oui… Elle m’intrigue, de plus il parait qu’elle est si grande qu’un élève se serait perdu et n’aurait été retrouvé qu’un mois plus tard… »
-‘Je suis heureux de vous voir si…enthousiaste…Et bien je suppose qu’il va falloir se dire au revoir ?’
*-*

La silhouette recourbée, restée un petit moment inactive, s’empara de son sac à dos qui était rempli de livres et de peu de vêtements : on lui avait bien stipulé dans la lettre que l’uniforme serrait fourni pas l’école.
Il se mit alors à la recherche d’un plan ou d’un panneau d’affichage. Tout en examinant la salle. Tout en celle-ci évoquait la richesse, qu’elle soit culturelle ou d’ordre financier.
Clip Clap Plop

L’eau dégoulinait des cheveux noirs ébène d’Alekseï, creusant des sillons sur ses joues aussi pâles que du lys blanc. Ses cheveux trempés lui collaient à la peau, lui tombant encore plus devant les yeux…Mais ce contact avec l’eau ne le rebutait pas, ni ne le gênait, il l’appréciait, il s’en sentait proche...
Des pas retentirent.
Le jeune homme se retourna lentement, pour observer de ses yeux cernés le nouvel être qui faisait son apparition dans ce décor aux proportions démesurément grandes.

Dehors, la pluie tombait en petites gouttes. Yezekaël, appuyé sur le mur de son balcon, le visage ruisselant, ses habits trempés, vit arriver son prochain élève : Alekseï Waltz. L’élémentaliste ne savait que très peu de chose de ce nouvel arrivant. Les directeurs, par traditions, devaient accueillir les jeunes qui allaient rejoindre les couleurs de leur bannière. L’élémentaliste rentra dans ses appartements, se sécha rapidement et enfila un simple polo rouge et un jeans sec.

Il descendit les escaliers quatre à quatre, il savait que le garçon était sûrement arrivé dans le hall. Ses pas résonnèrent dans le hall aux proportions gigantesques. La silhouette recourbée se retourna lentement et observa celui qui, il ne le savait pas encore, son nouveau directeur.

« Bonsoir monsieur Waltz et bienvenu dans les murs de Lómilendë, votre nouvelle école. Je suis Yezekaël Adrazar, votre nouveau directeur et professeur pour les neuf années qui viennent. Un uniforme vous attend sur dans votre dortoir qui se trouve au septième étage. »

Un sourire bienveillant, un regard troublant, qui était vraiment le denier représentant d’une longue lignée allemande ? Il continua d’observer son élève, sourire aux lèvres, il avait du potentiel et cela se voyait.

« Maintenant, vous pouvez montez seul les sept étages, ou peut-être désirerez-vous ma compagnie. Si vous choisissez la première option et que des questions vous viennent à l’esprit n’hésitez pas à venir me voir dans mon bureau. C’est à vous de choisir. »

Yezekaël était impatient de tester le talent de cet enfant. Il savait qu’il ne serait pas déçu.

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Le jeune allemand observa, avec sa lenteur habituelle, l’homme, d’une vingtaine d’années, qui venait d’apparaître. Beaucoup plus grand que la petite chose de 11 ans qu’était Alekseï, des cheveux blond limite encore plus en batailles que ceux noirs du garçon. Ses yeux bleus brillaient, derrière un sourire qui se voulait certainement cordial. Le polo rouge était un peu trop claquant aux yeux du jeune garçon mais le jean ressemblait fort à celui que portait le quidam qui avait fait son irruption pour la première fois dans la prestigieuse école.

Clip….Clap…Plop….

Les gouttes d’eau se faisaient de plus en plus rares, les cheveux du jeune homme séchaient plutôt vite, et déjà, à l’arrière, des mèches se courbaient. L’étrange personnage haut en couleur pris parole… D’abord les présentations, les bonnes manières avant tout… ‘Monsieur Waltz’… On lui attribuait rarement cette dénomination. Et d’ailleurs, comment connaissait-il son nom ? En réalité Alekseï ne se posa même pas la question, après tout il avait reçut une lettre de convocation à Lomilendë alors qu’il n’avait même pas fait une seule démarche visant une éventuelle inscription dans l’établissement, célèbre dans le monde de l’Occulte et ésotérique. Celui qui se disait être directeur du groupe d’étude auquel appartenait l’héritier Waltz pris de nouveau parole, évoquant les dortoirs…Et le nombre d’étages à gravir pour les atteindre…

*Sept ?*

*-*

-‘Mais …Vu vos quelques…problèmes, n’avez-vous pas peur de vous perdre dans un si grand bâtiment ?’
« Non, je pense que ça ira, il doit bien y avoir des plans des étages un peu partout…. »

*-*

Weekwood avait soulevé le problème de son manque total de sens de l’orientation avant qu’il ne parte… A vrai dire le garçon y avait beaucoup pensé : s’était un gros handicap pour lui… Il avait même réussi à se perdre dans le plus petit musée du monde, à tri fouillis les oies. Son maître avait dû rester plus tard et le pister dans le minuscule édifice. Ne voulant pas trop dévoiler son incapacité à se retrouver dans un quelconque endroit (il serait même capable de se perdre chez lui), il garda son air de d’habitude, et poussa un léger soupir.

« De toute façon je ne pense pas que je passerai beaucoup de temps dans cette salle pleine de lits… »

La première fois qu’il l’avait dit à Weekwood, le psychologue avait cru que le garçon fuyait la collectivité (ce qui était en partie vrai), mais alors le jeune homme avait démenti cette analyse en signalant au médecin du psychisme, qu’il soufrait d’insomnie chronique. Il leva de nouveau ses yeux fatigués et son visage au teint blafard vers son directeur. Il eu un pâle sourire qui se voulait aimable mais qui ressemblait plus à une grimace qu’autre chose….

« Si le temps ne vous manque pas peut être pourrions nous échanger quelques pas? Je serai honoré d’être accompagné par un élémentaliste aussi puissant que vous… »

Que de belles paroles… Mais Alekseï avait été habitué à respecter ses aînés, et bien que son apparence démontre tout à fait le contraire, il avait reçu une éducation stricte au point de vue politesse et maintien de soi (la deuxième n’étant pas vraiment respectée.) Mais derrière cette verbe qui se voulait soutenue et polie, l’esprit légèrement dérangé d’Alekseï avait tendance à penser à tout autre chose… Mais dans ce cas là, bien que la vérité soit enjolivée, le garçon était ravi qu’on lui proposa de l’accompagner, et de plus s’était un aîné puissant qui le lui proposait… Son côté calculateur décréta qu’il fallait se faire un allié de ce personnage, ainsi son savoir progresserai beaucoup plus vite…

Et devant tout ce flot de pensées, le visage qui s’était voulu souriant avait abandonné cette idée et reprenait son habituel air impassible.

Yezekaël regardait le jeune élémentaliste en face de lui. Il le savait prometteur, et il se faisait une joie de l’avoir dans ses cours. Un sourire flottait sur ses lèvres, et il se laissa emporter dans le monde terrible de son imagination. Il pensait à de nombreuses choses, l’OMDS, l’école, ses élèves, Erzèbeth ou même Vanina. Mais l’Allemand savait que lorsqu’il s’emportait il lui arrivait de rester des dizaines de minutes à ne rien dire. Il se contrôla de justesse et commença à s’approcher des escaliers, en direction du dortoir des élémentalistes.

« Non le temps ne me manque pas, et puis j’ai toujours du temps pour mes élèves. Je veux profiter de notre petite discussion pour vous rappeler quelques points du règlement. Vous ne devez pas être dans les couloirs après 22h et vous ne devez pas vous rendre dans la forêt de Margolin sans mon autorisation ou celle d’un de vos autres professeurs. Est-ce bien clair ? Je tiens à vous dire que je ne tolérerai aucun écart de conduite de votre part. »

Certes l’Allemand n’aimait pas les discours ennuyeux, mais celui-là, il se devait de l’expliquer à son nouvel élève. Jamais il n’accepterait qu’un de ses élèves désobéissent au règlement.

« A la fin de cette année, l’école organise un tournoi où s’affrontent en duel les différentes sections de l’école. Il va de soi que nous allons remporter le trophée, mais pour cela il va vous falloir travailler d’arrache-pied. Puis-je compter sur vous, monsieur Alekseï ? »

Le directeur gravissait tranquillement les étages qui conduisaient aux dortoirs. Quelle idée il avait eu de les mettre si haut ! Il aurait pu les installer au premier étage, mais non il les a installé au septième.

« Monsieur Alekseï, un bonbon ? »

Oui, Yezekaël restait et restera un gamin. Les bonbons et les sodas, voilà qui égayaient les journées sinistres de sa vie de directeur. Il tendit la boîte, tout en en prenant un, un coca, son préféré.

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La démarche lente et calculée du jeune garçon s’emboîta sur celle du professeur. Il écoutait attentivement les propos de ce dernier tout en ne perdant pas une miette du décor dans l’espoir de reconnaître ce couloir pour ne pas se perdre le lendemain au petit jour. Il accepta sans tiquer chaque point du règlement bien que le couvre feu de 22h l’embêta quelques peu, il allait une fois de plus se tourner et se retourner dans son lit pendant des nuits entières sans que le sommeil ne se présente à lui… Valait peut être-t-il mieux ne même pas tenté de s’endormir, quant à la forêt c’était dommage mais ce n’était point une épreuve insurmontable… Alekseï avait hoché la tête à chaque point souligné d’un air presque absent, il observa du coin de l’œil une armure briquée…Pourrait-elle faire un bon point de repaire ou bien le château en abritait des dizaines du même genre ? Il y eu un silence marquant la fin du petit discours d’accueil, le jeune allemand ne se contenta de lâcher que quelques mots.

« Bien évidemment…. »

Alors l’élémentaliste confirmé repris parole, changeant tout à fait de sujet. Il parlait à présent d’un tournoi, un sourire apparu aux coins des lèvres du garçon. Il n’avait jamais vraiment eu l’esprit de compétition, déjà tout petit alors qu’il se faisait provoquer il ne réagissait pas… Seulement il appréciait évaluer ses capacités de temps à autres….Et quoi de mieux qu’un tournoi entre élèves ‘du même niveau’ ? De plus le travail pour le jeune homme c’était à peu près la seule chose qu’il connaissait vraiment. De temps à autre on pouvait le voir à l’ombre d’un arbre en train de bouquiner mais la plus part du temps on pouvait le trouver enfermer dans sa chambre, les volets fermés, le nez plongé dans une pile de bouquin qui avait l’air de s’accumuler depuis des heures.

« Indubitablement…. »

Le regard du garçon c’était allumé d’une étrange lueur passagère.

« Ce trophée trônera parmi les autres de Manawyddan, vous avez ma parole… »

Alekseï était rarement motivé mais l’idée de devoir donner tout ce qu’il avait pour dépasser les autres qu’il n’avait pas sous estimer un instant lui plaisait fort…Son but de l’année devenait donc : gagner ce trophée et en profiter pour devenir l’un des meilleurs élèves dans sa section…Le directeur lui proposa un bonbon que le jeune homme accepta volontiers, il avait toujours eu un faible pour les gourmandises et ne s’en privait pas, cependant et (étrangement) il ne prenait pas une once de graisse malgré tout ce qu’il ingurgitait chaque jour…Un nouveau silence s’installa alors que les deux élémentalistes gravissaient les escaliers.

« …ah…De quel genre de…tournois…s’agi-t-il ? »

Yezekaël était content de voir que son élève ne l’interrompait pas pendant qu’il remplissait la pénible corvée du rappel des différents points du règlement. Certes, Alekseï n’était pas des plus attentifs, mais qu’importe tant qu’il les retenait et ne les transgressait pas. Le jeune garçon lui répondait avec quelques petites réponses courtes, mais l’Allemand eut l’agréable surprise de le voir se réveiller lorsqu’il lui parla du duel de fin d’année et lorsqu’il lui assura que le trophée trônerait dans la salle de Manawyddan, il eut un rire franc.

Alors qu’il gravissait lentement les escaliers, le petit élémentaliste lui posa une question, une question simple mais à laquelle il allait devoir répondre avec sérieux.

« Et bien… Chaque maison sera opposée aux deux autres maisons, et une équipe de duellistes – choisie parmi les meilleurs représentants de chaque section – s’affrontera dans les différentes arènes présentes dans le château. Les combats seront arbitrés par Mme Nàsdy, directrice des Nécromanciens, Mme Tsukiyo, responsable des chamanes et moi-même. Les autres détails vous seront communiqués en temps et en heure. »

Yezekaël reprit un bonbon dans sa boîte, et sans qu’ils s’en aperçoivent, les deux hommes étaient arrivés devant la porte du dortoir. Il ouvrit la porte de la salle de section et laissa entrer Alekseï.

« Vous voilà arrivé dans votre dortoir. Si vous avez encore d’autre question, n’hésitez pas à venir me parler dans mon bureau. »

Un dernier sourire et il se retourna et repartit dans les couloirs du château. Qui pouvait savoir ce qu’il allait faire.

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